Petite histoire de la magie
La magie est née de l’intelligence.
Face à l’étonnant spectacle de la nature, face aux innombrables mystères qui peuplaient leurs vies et sur lesquels leur intelligence croissante les faisait s’interroger, les premiers hommes n’eurent tout d’abord qu’une réponse : c’est magique !
Pour apaiser les forces supérieures et invisibles qui semblaient diriger l’univers, nos primitifs ancêtres inventèrent alors des rites pour lesquels un officiant s’avéra nécessaire. Ce fut le sorcier. Le sorcier était le seul des humains capable d’égaler la nature, voire de lutter contre. Le sorcier connaissait « les trucs ».
Il semblerait que le plus ancien texte relatant un spectacle de magie ouvertement simulé est un papyrus égyptien, conservé au British Museum. Mais les miracles truqués et présentés comme des manifestations surnaturelles furent bien évidemment innombrables
Cependant, de ces premiers illusionnistes, ceux qui nous semblent les plus proches par l’esprit et la pratique des artistes ce sont les escamoteurs du Moyen Age, eux qui risquaient le bûcher de l’Inquisition à vouloir distraire les foules par leurs tours de passe-passe. En même temps que se développaient ces rudiments de l’art de l’illusionnisme, apparurent les premiers livres.
C’est ainsi qu’au XIXème siècle, Charles Morton ouvrit le premier café-concert et lança ainsi une mode qui allait déferler sur l’Angleterre puis les Etats-Unis et le monde entier.
La Magie en France
En France, à la même époque, Jean-Eugène Robert-Houdin sortait la prestidigitation du Moyen Age pour créer, en 1845, son célèbre théâtre et ses « soirées fantastiques ».
Loin des baraques foraines, des costumes bariolés et des chapeaux pointus, du gros matériel en ferraille et des plaisanteries triviales, Robert-Houdin posait les jalons de la prestidigitation moderne, celle qui évoque irrésistiblement l’univers du rêve.
La magie n’allait dès lors jamais cesser de progresser. Quelques décennies plus tard viendrait l’heure des Kellar, Leroy, Okito, Devant, Carter, Houdini des grandes mises en scène puis des shows musicaux. Parallèlement, la prestidigitation en petit comité – que l’on appelle aujourd’hui le close-up – a toujours existé, s’orientant ces dernières années vers des techniques psychologiques.
Enfin, une nouvelle scène – autre que le théâtre, le cirque ou le cabaret – est apparue en cette seconde moitié du XXème siècle : la télévision.
La magie est vieille comme le monde. Des récits attestent que dès 5000 ans avant J-C, elle était pratiquée par les hommes des cavernes, sans doute dans le cadre des rites religieux.
Le premier témoignage écrit à propos d’un magicien se trouve dans le texte de l’Egypte ancienne datant d’environ 2700 avant J-C, (papyrus de Westcar conservé au musée d’art égyptien de Berlin-Charlottenburg). Dedi de Dedsnefru (ou Meïdoum) était magicien de la Cour du Pharaon Kheops. Il décapitait une oie, un canard et leur rendait leurs têtes.
Au Moyen Age, il semble que la plupart des gens croyaient en la magie - toujours étroitement liée à la religion. On lui attribuait un pouvoir guérisseur.
Les premiers Européens à gagner leur vie en présentant des tours de magie furent les jongleurs du Moyen Age, artistes ambulants, avaleurs de sabre, cracheurs de feu, chanteurs et danseurs. Ils executaient le fameux tour de balles et de gobelets. Peu à peu, le répertoire de l’illusionisme moderne s’est enrichit de prestations d’artistes au cours des fêtes locales.
Mais à la fin de cette periode de tours de passe-passe, les magiciens sont soupçonnées de sorcellerie, de commerce avec le diable et sont condamnés à mort.
La distinction entre tours d’adresse et sorcellerie ne se fait qu’à partir de 1584, quand un anglais (Reginald Scot) publie un livre intitulé “The Discovery of Witchraft”. Il y dévoile de nombreuses passes dans le but de convaincre le roi d’Ecosse (Jacques I) qu’il était injuste de condamner des artistes. En France, un livre est publié aussi la même année : “La première partie des subtiles et plaisantes inventions” par J. Prévost. Ces livres dévoilant les secrets pour la bonne cause annoncent le début de la substitution du terme “physique amusante” à celui de “MAGIE”
La magie devint à la mode au XVIIIème siècle et bientôt les spectacles de prestidigitation se firent dans les théâtres (de rue) construits seulement à cet effet. Cela favorisa la création de trucages de la scène dont la “magie moderne” fera bon usage notamment grâce à un français : Robert Houdin qui va ouvrir les portes de l’âge d’or de la magie... cela devient un art à part entière.
La magie connait fin XIXème siècle beaucoup de grands magiciens. Herrmann, Maskelyne (qui crée le “Mystery Hall” à Londres),Houdine (le roi de l’évasion), Robinson, Horace-Goldin, Kalanag, Robert Harbin. Les grands illusions se développent. Entre chaque grande illusion, les artistes font de petits numéros devant le rideau avec des cordes, des foulards, des cartes, pour avoir le temps d’installer le matériel pour le tour suivant. Le close-up (en anglais “gros plan”) devient un spectacle à part entière.
Tant de grands noms qui composent la génération des “Maîtres” : “Professeur” Vernon, Tony Slydini, John Ramsay, Arturo de Ascanio, Johnny Thomson, Fred Kaps, Albert Ghosman, René Lavand...
Toutes ces sortes de magie trouvent un nouveau terrain d’accueil : la télévision : David Copperfield, David Blaine, Paul Daniels, Juan Tamariz, Gérard Majax, Billis, et Mirouf et bien d’autres sont de véritables stars.
Tous ont marqué de leur empreinte l’histoire de l’illusionnisme en proposant de nouveaux concepts et numéros, en introduisant des présentations originales. Ils ont façonné l’univers de la magie moderne.
“PRESTIDIGITATION”
Et plus de
L’expression “prestidigitateur” provient de Jules Rovère (1815) qui cherchait une appellation pour remplacer les titres “d’escamoteur” ou de “physicien”.
Par changement de suffixe, prestidigitateur a produit prestidigitation.
Etymologie de “prestidigitation” :
- l’adjectif “preste” est emprunté à l’italien “presto” = agile
- le radical “digitus” en latin= doigt
- le suffixe “-ateur”
donc “l’homme aux doigts agiles”
Prestidigitation et prestidigitateur sont attestés pour la première fois en 1823 (Dictionnaire historique de la langue française).
En revanche, le mot n’apparait dans le Dictionnaire de l’Académie Française qu’en 1878 (définition = celui qui fait des tours de gobelet, escamoteur).
Dans le dictionnaire de 1932-1935, la définition abandonne le thème des gobelets et ne conserve que “celui qui fait des tours d’escamotage”.